4- Entraîner à mieux se connecter

Astuces et Recettes

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10.14.22

Poursuivons notre entretien avec Anne-Claire Macquet (ACM)

La compréhension mutuelle réduit l’incertitude.

Cette vidéo avait pour but d'illustrer la notion de partage d'information à un très haut niveau de pratique et nous avons bien pu remarquer que lors de cette phase de jeu les contraintes temporelles et spatiales étaient les éléments clés à résoudre pour réussir cette situation.

ACM. On sait aussi que ces contraintes seront réduites par une plus grande compréhension mutuelle entre les joueurs. Donc pour qu’un niveau de partage d'informations soit élevé, cela implique en amont de l'entraînement, de la pratique, de l'expérience.

Favoriser l’apprentissage et l’adaptation.

Quelles seraient tes préconisations en matière d'entraînement pour développer la coordination interindividuelle et vaincre ainsi tous ces obstacles ou ces contraintes qui sont liés à la configuration du jeu que l'adversaire va nous imposer et que le temps aussi va nous imposer ?

ACM. La situation que nous venons de voir est une situation complexe : il y a beaucoup de joueurs, des contraintes temporelles, mais aussi beaucoup d’incertitude. Il y avait aussi certainement des enjeux élevés dans ce match, ce qui contribue à accroître la complexité de la situation Donc durant l'entraînement on va réduire cette complexité (à l'entraînement il n'y a plus de question d'enjeu), travailler sur le nombre de joueurs ou encore sur la vitesse d'exécution. On peut donc jouer sur la pression temporelle, sur l'incertitude. On peut réduire le nombre de joueurs puis augmenter peu à peu ce nombre sur le terrain voir même travailler avec une supériorité numérique :en attaque si on travaille des phases offensives ou à l’inverse pour la défense. Ensuite on pourra tendre vers une égalité numérique. Donc ça peut être du 1vs1puis du 2vs2, du 3vs2 etc…Un point essentiel : la variété des situations est extrêmement importante. Il faut apprendre à reproduire un certain nombre de situations ce qui va permettre de favoriser l'apprentissage mais il faut aussi varier pour favoriser l'adaptation. En effet, en jeu, en match, les situations sont toujours différentes. Il faudra passer du simple pour aller vers le complexe, commencer avec des situations stables pour aller vers des phases instables en augmentant la variété du jeu.

Le « rendre compte » pour mieux se comprendre.

Dernière question qui a trait à l'une de tes spécialités :il s'agit du débriefing. Comment s'y prendre pour faire comprendre aux joueurs en les immergeant dans la situation donc à compter d'une image vidéo lors principalement d’une situation d'évaluation (par exemple le match puisque c'est peut-être la plus réaliste) et faire en sorte que cette analyse soit la plus efficace possible ?

ACM. Ça peut se faire de différentes manières pendant le débriefing, durant des séances vidéo, lors de rappels dans une séance. L'intérêt de la vidéo étant qu’on peut s'appuyer sur un réel support mais ça peut se faire aussi lors d'un entraînement durant lequel l'entraîneur arrête la situation. La vidéo permet de schématiser, d'utiliser des outils graphiques pour mieux expliquer ce qu'il vient de se passer : c'est aussi une forme de débriefing. Il y a aussi le tableau noir, le paperboard, le tableau magnétique. Il y a un grand nombre d'outils qui peuvent permettre de générer des retours d'information auprès des joueurs.    

Comment peut-on vérifier que nos joueurs se comprennent ? Lavidéo peut être un outil pour cela. As-tu des recettes à nous apporter ?

ACM. On peut effectivement durant le débriefing leurproposer d'expliquer comment ils ont compris la situation face à la vidéo, leurdemander comment s'est passé la situation. J'ai un exemple avec l'équipe del'équipe nationale de handball féminin durant lequel une joueuse dit « j'avance !»et l'autre joueuse a compris « avance !» ; il y a eu uneincompréhension entre les 2 joueuses. Pour les 2 joueuses tout était clair maisil y a un bout d'information qui n'est pas passé et donc cela a entraîné unéchec dans la situation. D'où l'intérêt du « rendre compte » aprèsune situation ou durant un débriefing : qu'est-ce qui s'est passé,qu'as-tu voulu faire, où étais-tu passé ? Cela permet à l'entraîneurd'essayer de comprendre comment les uns et les autres perçoivent le placement,les déplacements de ces partenaires (ndlr : d'où l'intérêt du feedback insitu à l'entraînement pour bien vérifier qu’il y a une bonne compréhensionentre les uns et les autres) d'où l'intérêt de le faire à l'entraînement parcequ’on est dans du réel et qu’il plus facile pour les uns et les autres decomprendre ce qu'il se passe.  

Un grand merci Anne-Claire

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